La présidente de la Fed a décidé d'augmenter les taux et de diminuer de dix milliards les injections mensuelles de liquidités d'ici à l'automne.

La banque centrale américaine (Fed) a réduit mercredi son soutien monétaire à l'économie américaine et changé son message d'orientation de politique monétaire, la présidente Janet Yellen évoquant même une éventuelle remontée des taux à la mi-2015. Présidé pour la première fois par Janet Yellen, le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed a sans surprise décidé de diminuer de dix milliards de dollars supplémentaires ses injections mensuelles de liquidités pour les porter à 55 milliards. Les taux d'intérêt ont été comme attendu maintenus à zéro, comme ils le sont depuis fin 2008, et devraient le rester "pendant une période considérable" après l'arrêt des achats d'actifs destinés à fluidifier le crédit et soutenir la reprise, selon le communiqué du FOMC.

Janet Yellen a précisé au cours de sa première conférence de presse qu'en réduisant ainsi par "étapes mesurées" l'aide de la Fed, ce stimulus exceptionnel cesserait "à l'automne". Pressée par les journalistes de déterminer combien de temps allait passer entre l'arrêt du soutien monétaire et une éventuelle remontée des taux d'intérêt, Janet Yellen a alors évoqué une période de "six mois", provoquant immédiatement une vive réaction des marchés. "Le langage que nous utilisons dans le communiqué fait référence à une période considérable. Donc, c'est le genre de terme qui est difficile à quantifier... peut-être de l'ordre de six mois", a-t-elle lancé tout en ajoutant immédiatement que cela dépendrait de l'état du marché de l'emploi et de l'inflation.

Hausse des taux à l'horizon 2015

"Donc période considérable signifie six mois (...), ça veut dire que si les achats d'actifs se terminent entre octobre et décembre", une hausse des taux pourrait intervenir "à la mi-2015", calculait Paul Ashworth, analyste pour Capital Economics. Sur les marchés, les investisseurs, habitués à la politique monétaire ultra-accommodante, "ont tremblé", a commenté Michael James, de Wedbush Securities. À Wall Street, le Dow Jones a terminé la séance en baisse de 114,02 points, à 16 222,17 points tandis que le marché obligataire a nettement reculé, même si Janet Yellen a martelé qu'il "n'y avait aucun changement dans les intentions" de politique monétaire de la Banque centrale.

Autre innovation, le FOMC a, comme s'y attendaient les analystes, changé son message d'orientation de politique monétaire. La Banque centrale cessera désormais de lier une éventuelle remontée des taux d'intérêt à une baisse du taux de chômage sous le seuil des 6,5 %, comme elle le faisait depuis plus d'un an. Ce seuil de 6,5 % était considéré comme caduc alors que le taux de chômage américain - à 6,7 % en février - s'en approche et qu'il n'est pas question de relever les taux dans l'immédiat quand l'inflation n'est qu'à 1,2 % et la croissance poussive (2,4 % au quatrième trimestre).
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